18.1.14

- - - - - - - Prehistory for Niemand | CHIMIE DU FANTÔME







Juan Gelman 
 (né le 3 mai 1930 à Buenos Aires, mort le 14 janvier 2014 à Mexico) 

« Un hombre dividido por dos no da dos hombres.
Quién carajo se atreve, en estas circunstancias, a multiplicar mi alma por uno. »



« Un homme divisé par deux ne donne pas deux hommes.
Qui donc, bordel, peut oser, dans ces conditions, multiplier mon âme par un. »













 SOUS LA PLUIE ÉTRANGÈRE

III

« Je ne vais pas avoir honte de mes tristesses, de mes nostalgies. Je regrette la petite rue où on a tué mon chien, et j’ai pleuré près de sa mort, et je suis collé au pavé sanglant où mon chien est mort, j’existe toujours à partir de ça, j’existe de ça, je suis ça, je ne demanderai la permission à personne d’avoir la nostalgie de ça.
    Suis-je autre chose, peut-être ? Des dictatures militaires sont venues, des gouvernements civils et de nouvelles dictatures militaires, ils m’ont privé de mes livres, de mon pain, de mon fils, ils ont fait le désespoir de ma mère, ils m’ont chassé de mon pays, ils ont assassiné mes petits frères, mes camarades ils les ont torturés, déchiquetés, brisés. Personne ne m’a chassé de la rue où je pleure à côté de mon chien. Quelle dictature militaire pourrait le faire ? Et quel militaire fils de pute m’arrachera au grand amour de ces crépuscules de mai, où l’oiseau de l’être se balance face à la nuit ? »


Juan Gelman
 traduction de Jacques Ancet










Yo no me voy a avergonzar de mis tristezas, mis nostalgias. Extraño La callecita donde mataron a mi perro, y yo lloré junto a su muerte, y estoy pegado al empedrado con sangre donde mi perro se murió, existo todavía a partir de eso, existo de eso, soy eso, a nadie pediré permiso para tener nostalgia de eso.

¿Acaso soy otra cosa? Vinieron dictaduras militares, gobiernos civiles y nuevas dictaduras militares, me quitaron los libros, el pan, el hijo, desesperaron a mi madre, me echaron del país, asesinaron a mis hermanitos, a mis compañeros los torturaron, deshicieron, los rompieron. Ninguno me sacó de la calle donde estoy llorando al lado de mi perro.¿Qué dictadura militar podría hacerlo? ¿Y qué militar hijo de puta me sacará del gran amor de esos crepúsculos de mayo, donde la ave ser se balancea ante la noche?




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